Nucléaire : les nouveaux EPR bientôt financés par l’épargne des Français ?






28 Mars 2024

EDF enregistre un dépassement budgétaire de 30 % pour la construction des six nouveaux réacteurs nucléaires EPR. L'État français, ayant enregistré un déficit record en 2023 (5,5 % de son PIB) et croulant sous une dette colossale qui représente 110,6 % de son PIB, cherche des financements pour assurer la relance nucléaire. En ligne de mire ? L'épargne des Français déposée sur le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) ainsi que celle du Livret A.


Des besoins financiers colossaux pour la relance nucléaire

Le défi du financement des six nouveaux réacteurs nucléaires EPR est de taille. En 2021, EDF chiffrait ces projets à 51,7 milliards d'euros. Mais comme l'ont relayé nos confrères des Echos, le budget prévisionnel d'EDF s'élève désormais à 67,4 milliards d'euros, ce qui représente une hausse de 30 %. Dans ce contexte, le gouvernement envisage une solution originale : mobiliser l'épargne nationale, notamment via le Livret A, et le Livret de Développement durable et Solidaire (LDDS) pour soutenir le financement de la filière nucléaire.

Les sommes déposées sur les Livrets A contribuent principalement au financement du logement social. La Caisse de Dépôt et Consignation (CDC) alloue 59,5 % des fonds à cette fin, le reste étant géré par les banques et est essentiellement destiné à l'octroi de prêts pour les PME. Avec un encours record de 571,5 milliards d'euros fin février 2024, l'épargne réglementée française semble être une source de financement bien prometteuse pour la relance de la filière nucléaire. Le dirigeant de la CDC, Eric Lombard, appuie d'ailleurs l'intention du gouvernement, jugeant que « la proposition de financer ce programme de centrales nucléaires par les fonds du Livret A est sur la table, ce serait logique parce que c'est un élément important de la décarbonation de notre économie », a-t-il souligné lors de son passage sur Ecorama le 27 mars 2024.
 

Un enjeu national

La relance du nucléaire est un jeu stratégique pour la France puisqu'il vise à lui assurer sa souveraineté énergétique. Le réacteur EPR de Flamanville, projet pilote de la relance du nucléaire illustre parfaitement le difficultés auxquelles est confrontée la filière. Initialement prévu pour être opérationnel en 2012 avec un budget de 3,3 milliards d'euros, il devrait finalement être connecté au réseau électrique à l'été 2024, avec un coût final de 13,2 milliards d'euros.

La mobilisation de l'épargne via le Livret A, si elle est confirmée, représenterait ainsi un tournant historique dans le financement de la transition énergétique en France. « Si on finance par exemple un tiers du programme nucléaire, ça représentera quelques milliards d'euros par an (...), c'est quelque chose qui est tout à fait absorbable par l'épargne des Français », affirme Éric Lombard, directeur de la CDC.